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Parlement wallon
G r o u p e S o c i a l i s t e
Rue Notre-Dame 9 5000 Namur Fax : 081/ 230.945 Question orale de M. Walry à M. Marcourt, Vice-Président et Ministre de l'Economie, des
PME, du Commerce extérieur et des Technomogies nouvelles, sur « l'annonce brutale par
la direction d'UCB d'une nouvelle restructuration ».
On a, comme vous le savez, depuis quelques années qualifié le Brabant wallon de Wallifornie. On était à la fois fiers de cet adjectif, mais on savait, nous qui habitions le Brabant wallon, mais vous aussi parce que vous l'avez parcouru tant de fois, vous avez pu vous rendre compte qu'il n'en était rien, dans certains endroits en tout cas, et c'est ainsi que par exemple, pour les extraire, à la fois, l'Ouest qui a beaucoup souffert du démantèlement que je ne vous rappellerai pas et surtout l'Est de la disparition des agriculteurs, cette province a rencontré et rencontre toujours énormément de difficultés quand même et personne n'est à l'abri.
J'entendais tout à l'heure que l'on parlait du secteur du verre ; eh bien maintenant, je vais vous parler du secteur de la pharmacie. Quel est le rapport entre la pharmacie et le Brabrant wallon ? Si on a appelé le Brabant wallon la Wallifornie à un certain moment, c'est dû à la prospérité de l'industrie pharmaceutique. En effet, se sont installées dans le Brabant wallon les firmes GlaxoSmithKline, UCB, Pfizer, White Abott, Lonza, Baxter et c'était une concentration exceptionnelle en Belgique, faut-il le souligner.
Ce qui a fait la richesse jusqu'il y a deux encore du Brabrant wallon pourrait faire sa perte, ou en tout cas provoquer d'énormes difficultés et cela fait aujourd'hui le malheur des travailleurs puisqu'on a commencé en 2006 avec moins 330 emplois, GSK-pharma, 75 emplois à Genval et maintenant un nouveau drame social se joue dans le Brabant wallon, dans le secteur pharmaceutique, puisque White pharmaceutical est absorbé par Pfizer, pour la somme de 68 milliards de dollars. C'est une somme absolument colossale et malgré cela, on licencie.
Les prévisions pour 2010 ne sont guère plus brillantes et Pfizer, dont je parlais il y a quelques instants, a d'ailleurs tenté de justifier la suppression de 140 emplois par un caractère préventif de la démarche. Où cela va-t-il donc s'arrêter ? Il est difficile de croire, comme l'on parlait pour le verre tout à l'heure, que l'industrie pharmaceutique connaisse vraiment la crise. C'est plutôt l'expiration des brevets et la concurrence des médicaments génériques qui justifieraient ces restructurations en cascade.
UCB, par exemple, se retranche derrière plusieurs arguments dont une baisse inattendue de ses ventes de Keppra aux USA, médicaments dont le brevet arrive à expiration. Se laisser surprendre par la corrélation entre l'expiration d'un brevet et une baisse de ventes est-il vraiment un argument sérieux ? D'autant que cet argument avait déjà été avancé il y a un an pour justifier les licenciements d'alors. C'était déjà 300 licenciements l'an passé.
Comment ne pas penser plutôt que cette nouvelle annonce d'UCB se base davantage sur une volonté de faire remonter le cours de ses actions en plaçant le profit immédiat au-dessus des préoccupations sociales et même d'une vision peut-être stratégique à long terme.
Il y a un an, je vous interpellais déjà sur l'annonce faite par UCB de supprimer plusieurs centaines de postes de travail ; l'histoire semble se répéter aujourd'hui, et de multiples et vives réactions ont lieu en ce qui concerne cette deuxième restructuration.
En 2008, le flou avait régné sur la communication d'UCB, qui avait distribué ses informations au compte-goutte. UCB avait décidé de continuer à investir sur le site de Braine-l'Alleud, tout en y supprimant de l'emploi massivement, ce qui pouvait sembler un peu paradoxal à l'époque.
Cela était déjà choquant. D'autant plus que les entreprises pharmaceutiques sont présentes en Wallonie et emploient du personnel qualifié et représentent véritablement une activité économique très importante.
Si le secteur n'est pas comme tous les secteurs, d'ailleurs à l'abri de la crise, force est de constater qu'une deuxième restructuration en seulement un an pose réellement le problème de sa pertinence.
En décembre 2008, UCB avait clairement confirmé que la vocation du site de Braine-l'Alleud était celle d'un centre mondial de recherche, d'expertise et de support. Et aujourd'hui, la même industrie pharmaceutique annonce qu'elle va y supprimer des postes de chercheurs, et ce n'est pas rien, c'est entre 120 et 130 chercheurs. La direction du site de Braine déclare dans le même temps que tout ne peut pas être réalisé en interne et que les ressources sont limitées. La suppression de postes de chercheurs est-elle la réponse adéquate à ce manque de ressources ? Où se situe la cohérence des décisions ? Dans quelle mesure peut-on accorder une confiance aux promesses d'éventuels nouveaux investissements, concernant surtout une usine biotechnologique, comme ils disent, ultra performante et pilote ? J'ai interpellé le Ministre Jean-Marc Nollet au Parlement de la Communauté française le mois passé, car il me semble utile que la Belgique et la Wallonie retrouvent et conservent leur niveau élevé de compétences en matière de recherche et de développement de médicaments.
Quelle est votre analyse de la situation ? Pouvez-vous faire le point sur la situation réelle d'UCB et de White ? Des rencontres et des échanges ont-ils été initiés par l'entreprise avec les services de la Région wallonne ? Quelle réaction entend-on opposer à l'annonce brutale de cette nouvelle restructuration ? Quel soutien peut-on apporter aux travailleurs ? La pérennité du site de Braine-l'Alleud est-elle assurée ? Des engagements ont été pris et n'ont pas été respectés. Qu'en est-il par ailleurs de NEOFOR, qui consiste à établir en Wallonie une nouvelle PME dont l'intention est d'atteindre une clientèle internationale en produisant des moyens issus d'une recherche conjointe à plusieurs disciplines pour l'administration pulmonaire d'une variété large de substances pharmacologiquement actives. Il semblait que ce projet du pôle BIOWIN était à nouveau exemplatiste et avant-gardiste dans l'esprit de leur promoteur.
Plus largement, pouvez-vous nous présenter la situation économique en Wallonie du secteur pharmaceutique et de ses prévisions ? Qu'en est-il de la situation des autres entreprises du secteur ? Je pense notamment à GSK. Quel est le degré d'implication des différentes entreprises dans la continuité du plan Marshall ? Savez-vous par ailleurs ce qu'il va advenir du site de White à Louvain-La-Neuve, désormais propriété de Pfizer, qui n'entend pas y maintenir une activité ? Plus largement, pouvez-vous nous présenter la situation économique en Wallonie du secteur pharmaceutique et de ses prévisions ? Qu'en est-il de la situation des autres entreprises du secteur ? Quel est le degré d'implication des différentes entreprises dans la continuité du plan Marshall ? Quelles mesures la Région wallonne compte-t-elle prendre afin d'essayer de casser cette spirale infernale de la fermeture des entreprises et des préavis en cascade ? Je suis persuadé que vous serez attentif et que vous y êtes déjà évidemment à l'ensemble de cette problématique et je pense que l'on a intérêt à mettre sur pieds un plan global pour réagir dès l'annonce de pertes d'emplois.
M Marcourt :
Fin août 2008, UCB annonçait sa volonté de réorienter ses activités sur les domaines biopharmaceutiques. Elle présentait ainsi un nouveau projet d'entreprise dénommé SHAPE, plus concrètement, ce projet se traduit par la concentration d'activités d'UCB sur les maladies invalidantes dans ce domaine thérapeutique,le système nerveux central et l'immunologie.
Cette stratégie de réorganisation de l'entreprise s'est traduite en 2008 par la réduction de 2.000 emplois au niveau mondial et 425 dans notre Région sur le site de Braine-L'alleud. Après négociations, ces chiffres ont été revus à la baisse, ce qui a représenté un montant d'un peu plus de 300 pour Braine. Cette restructuration s'est avérée, selon les propos de l'entreprise, insuffisante ; une nouvelle restructuration est aujourd'hui annoncée, portant sur 174 emplois. Et elle est principalement orientée vers le secteur de la recherche et du développement. Il s'agit essentiellement d'employés et de cadres ; même si leur haut degré de qualification devrait leur offrir davantage d'opportunités sur le marché du travail, une cellule de reconversion a été créée avec UCB en partenariat avec les pouvoirs publics.
Par ailleurs, la capacité de GSK-bio, notamment de continuer à recruter dans le cadre de ses activités vaccins, pourrait permettre d'être raisonnablement, tout en restant très prudent, optimiste pour le personnel d'UCB affecté par la restructuration. L'industrie pharmaceutique est un secteur industriel très important pour la Belgique en général, et la Wallonie en particulier. Et ce secteur représente près de 50 % des investissements recherches et développement privés en Wallonie.
En effet, l'industrie pharmaceutique représente quelque 30.000 emplois en Belgique, dont 40 % dans notre seule région. Personne n'ignore aujourd'hui que le secteur est confronté à d'importants défis. La chute des brevets, le coût de plus en plus élevé de la recherche et du développement, la concurrence extrêmement importante des génériques, l'émergence de concurrents venus de pays émergents, mais aussi dans différents États, les restrictions en matière de remboursement des soins de santé.
UCB n'échappe pas à cette tendance. L'échéance des brevets américains de ces deux produits phares a généré une perte substantielle de revenus. La concurrence des génériques a entrainé, dans le mois qui a suivi la chute des brevets, une diminution de 80 % des ventes de son médicament antiépileptique. D'autre part, certains programmes de recherche basés à Braine ont été, faute de résultats probants, interrompus. Aujourd'hui, il faut pratiquement un milliard d'euros et entre 12 et 15 ans pour mettre un nouveau médicament sur le marché. Malgré tout, UCB continue à investir énormément en recherche et développement et est une des entreprises qui investit le plus dans ce domaine, puisque ça été plus de 750 millions d'euros dépensés en 2008.
Au sein d'UCB, la transformation du site de Braine comme centre mondial de la recherche au niveau du système nerveux central n'est pas remise en question, et, au contraire, est confortée puisqu'une nouvelle usine biotechnologique sera construite.
Le projet SHAPE devrait en effet permettre de mobiliser près de 300 millions d'euros et permettre la création d'un certain nombre d'emplois dans des métiers nouveaux, et c'est évidemment cela, la particularité : c'est l'arrêt de recherches dans certains secteurs et l'ouverture de projets dans le secteur de la biopharmacie.
Etant donné la place particulièrement importante de l'industrie pharmaceutique wallonne au niveau mondial en matière de recherche et de développement de médicaments, le Gouvernement a suscité des développements de partenariats d'innovation entre les entreprises et les centres de recherche, notamment au travers des pôles de compétitivité.
La volonté du Gouvernement de créer un pôle de compétitivité en sciences du vivant vise à maintenir ce leadership wallon en la matière en concentrant les moyens importants et en créant de nouveaux marchés au sein du pôle comme d'autres d'ailleurs. Des entreprises se développent et vont se créer, ainsi que d'ailleurs la capacité de renforcer l'attractivité pour des entreprises étrangères — l'investissement de Baxter à Lessines en est un des exemples, mais M. Walry a lui-même indiqué que Baxter a développé ses activités récemment sur deux sites différents au sein du Brabant wallon.
Dans le cadre des projets de pôles de compétitivité, il ne s'agit pas de transférer la recherche vers les universités, mais de créer de véritables partenariats entre les grandes entreprises, les PME, les centres de recherche, qu'ils soient universitaires ou non. Le cas de Pfizer est très différent puisque là, il s'agit d'une restructuration dans le cadre d'une fusion et, je dirais, d'une simple optimalisation des profits sans qu'on ait vu l'existence de problèmes particuliers sur ce territoire.
Le projet NEOFOR, projet du pôle Biowin dans lequel UCB est partenaire, s'intègre déjà dans cette nouvelle stratégie. Il n'est nullement remis en question par les derniers développements. Le projet NEOFOR consiste à établir en Wallonie une nouvelle PME dont l'intention est d'atteindre, et M Walry l'a indiqué, une audience et une clientèle internationale en produisant des moyens nouveaux. Il cite la recherche conjointe de plusieurs disciplines pour l'administration pulmonaire d'une variété large de substances pharmacologiquement actives.
Je voudrais terminer en disant que toute restructuration est évidemment difficile, mais nous assistons dans le cas d'UCB à une véritable mutation où l'on passe d'une entreprise pharmaceutique classique à une entreprise de biotechnologie pharmaceutique, qui est un tout autre métier. En tout cas, nous resterons attentifs puisque j'avais mis personnellement en place la cellule de reconversion et j'ai dit à UCB que nous n'arrêterons cette cellule que le jour où la dernière personne aura retrouvé un emploi. Il faut se dire que par rapport à la dernière restructuration — pas celle qui est en cours, la précédente — on avait déjà retrouvé un taux de reclassement relativement significatif, et cela, c'est évidemment un élément qui est un baume sur la plaie. Mais au moins, il faut continuer dans cet effort pour permettre à chacun de retrouver un emploi.
M. Walry :
On est évidemment très loin de l'esprit des coopératives de M. Miller.
Pour la première partie et en ce qui concerne Pfizer, je dirais que c'est le résultat de la mondialisation et de l'ultra libéralisation — qu'on ne me comprenne pas mal, mais vous l'avez dit vous-même Mme Reuter : vous avez eu l'honnêteté de le reconnaitre que c'était les dérives de l'ultra libéralisation et de cette mondialisation. Ce sont des règles absolument sauvages. On est quasiment impuissants et on a beau essayer d'entamer la procédure Renault sur le licenciement collectif : je dois vous dire que j'ai assez peu d'espoirs.
En ce qui concerne le deuxième volet de la réponse de M. Le Ministre, c'est une réponse plutôt d'espoir quand même. Et c'est ça qu'il faut aussi retenir, me semble-t-il. Que va-t-il se passer demain ? De nouveaux pôles de compétitivité, Biowin, centres de recherche des entreprises — comme Baxter, c'est vrai, de nouveaux partenariats.
C'est absolument indispensable : quand M. Marcourt dit que 1 milliard d'euros et entre 10 et 15 ans pour trouver un nouveau médicament, c'est évidemment trop simple de critiquer. Il faut tenir compte évidemment de tous ces éléments. Qu'UCB restera un centre mondial de la recherche et du développement et pourra créer des emplois nouveaux, c'est évidemment l'espérance de tout le monde et j'engage M. Le Ministre à poursuivre tous les efforts qu'il a déjà entamés, depuis longtemps d'ailleurs, pour que ce type d'emploi nouveau, basé sur la recherche et le développement, puisse se développer, et en tout cas, se perpétuer, non seulement dans le Brabant wallon, mais dans toute la Wallonie. Parce que toute la Wallonie en a bien besoin et ça devrait être demain un secteur ultra porteur quand on sait que, heureusement, il y aura aussi ce phénomène à prendre en compte qui est celui du vieillissement de la population et qui aura des recours de plus en plus nombreux à l'utilisation de médicaments ultras performants que seront les médicaments de demain.

Source: http://www.ps-pw.be/Members/Cab_walry/walry/Textes/lannonce-brutale-par-la-direction-ducb-dune61/0336aaeeea9e390e98d5a033773a37c3-fichier.pdf

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